La harpe est un instrument très ancien, dont on retrouve en Iran les premières traces, environ 3500 avant J.-C.
De forme arquée (ou cintrée), elle apparaît d’abord sans colonne. Son petit nombre de cordes est variable.
Toujours en usage de nos jours en Afrique, la harpe arquée a subi de nombreuses évolutions et perfectionnements au cours des siècles, grâce aux nombreuses civilisations qui l’ont pratiquée.
Dans l’Ancien Empire d’Egypte (vers 2700 av. J.-C.), la harpe arquée atteint 1,50 à 2 mètres de hauteur. Le nombre de cordes va de 5 à 7, puis passera de 10 à 14 sous le Nouvel Empire (1500 à 1085 av. J.-C.).
À l’époque Saïte, les égyptiens importent d’Assyrie des harpes angulaires formées de deux parties : caisse de résonance et joug de fixation.
Puis cette harpe angulaire se répand dans le Proche-Orient, Perse, Asie mineure et chez les hébreux.
Les syro-phéniciens rajoutent une colonne pour la consolider.
Puis la harpe se propage à travers la Grèce, à Rome, puis en Inde (IIe siècle av.J.-C.) avec une harpe arquée, et au XVIIe siècle avec une harpe angulaire, toutes deux disparues, tandis qu’en Birmanie subsiste une harpe arquée de 13 cordes, encore jouée aujourd’hui.
En Amérique Latine, la harpe a été importée par les Espagnols. Elle est très populaire et très présente dans le folklore local (Mexique, Venezuela…).
L’Occident n’a connu que la harpe arquée, citée pour la première fois dès le VIe siècle (hormis une harpe angulaire, chez les Ostiaks, extrême Est de l’Europe).
Elle devient d’un usage courant à partir du VIIIe ou IXe siècles dans les pays celtiques, puis au Nord de l’Europe. S’épanouissant pleinement au XIVe et XVe siècles, l’instrument comporte un plan diatonique de 25 cordes. Mais son manque de modulations lui fait perdre la faveur des musiciens, car elle ne peut participer à l’évolution harmonique et tonale de la musique du XVIe siècle.
À ce moment, des luthiers (certainement irlandais) imaginent de doter la harpe d’une deuxième rangée de cordes, accordées selon l’échelle chromatique*, d’environ 58 cordes. Leur taille reste très variable.
Puis au XVIIe siècle, est ajoutée une 3e rangée de cordes. Celles-ci sont alignées en quinconce. Les 1er et 3e rangs sont diatoniques*, et le rang du milieu chromatique. Cette harpe sera adoptée dans toute l’Europe.
En 1660, des facteurs tyroliens fixent des crochets en haut des cordes. En les actionnant à la main, ils peuvent ainsi hausser les cordes d’un demi-ton. Elle donnera notre harpe celtique d’aujourd’hui.
En 1697, un luthier bavarois, Hochbrücker, invente un système de pédales placées de chaque côté du socle, qui actionnera les crochets en haut des cordes, en agissant sur toutes les octaves simultanément (par exemple sur tous les do en même temps), en tirant les cordes sur le plan latéral. Elle sera perfectionnée par son inventeur en 1720. Elle possède 7 pédales, correspondant aux 7 notes de la gamme, et est accordée soit en si bémol, soit en mi bémol. Cette harpe comportait environ 35 cordes.
Cousineau Père et Fils, luthiers français, remplacent ces crochets par des béquilles qui pinçaient la corde en la raccourcissant sans la déplacer latéralement.
En 1786, J.H. Nadermann munit la harpe d’une 8e pédale, ouvrant ou fermant un volet, pour modifier le volume et la couleur du son. Celle-ci a été abandonnée au début du XXe siècle.
C’est en 1811 à Londres, que Sébastien Erard (émigré pour fuir la Révolution), présente son nouveau modèle de harpe à double mouvement de pédales, actionnant 2 rangées de disques tendeurs, munis de fourchettes, permettant d’obtenir 3 sons sur chaque corde : bémol, bécarre, dièse. Cette harpe est montée de 47 cordes, les aigus et les médiums en boyau de mouton, les graves en métal filé.
En 1896, Gustave Lyon invente une harpe chromatique à cordes croisées, enseignée au Conservatoire de Paris jusqu’en 1933. Peu pratique avec ses 78 cordes, elle est définitivement abandonnée en France, au profit du développement de la harpe à pédales.